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Histoire Géographie, Géopolitique du Monde Contemporain
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4 décembre 2017

Les Balkans occidentaux : nouveaux enjeux pour l'UE

L'Union européenne s'intéresse à nouveau à la région des Balkans occidentaux en raison de différents enjeux liés au contexte international : tensions avec la Russie (qui a dans la région, une influence économique et des alliés, en partie de confession orthodoxe), la crise des migrants (qui remontent de Grèce via la Serbie, alimentant l'activité de réseaux criminels) et l'existence de foyers salafistes (envoi de combattants djihadistes en Syrie). La région continue de souffrir d'une image négative et la perspective d'une adhésion suscite un faible enthousiasme auprès des citoyens européens et de certains gouvernements.

Carte : Les Balkans occidentaux et l'adhésion à l'Union Européenne

Les négociations d’adhésion se poursuivent avec la Serbie depuis l'ouverture des deux premiers chapitres le 15 décembre 2015. Deux nouveaux ont été ouverts le 28 février 2017, suivis de deux autres en juin, ce qui porte désormais leur nombre à 10. Un second chapitre a par ailleurs été refermé en février. Il y a donc une avancée régulière pour l'instant. Le pays rencontre toutefois des difficultés avec la Croatie voisine, accusée de bloquer l'ouverture de certains chapitres en raison de contentieux bilatéraux. La Serbie a pour objectif de devenir le 29ème membre de l’UE à l’horizon 2020... Avant le Monténégro ? Elle a déposé sa candidature le 22 décembre 2009 et a été reconnue candidate en mars 2012. Elle a vu s’achever en mars 2015 la phase d’examen analytique de l’ensemble de sa législation, préalable à l’ouverture de premiers chapitres de négociations. Outre les 33 chapitres habituellement compris dans le paquet des négociations, un chapitre supplémentaire concerne la normalisation des relations avec le Kosovo. Belgrade refuse toujours de reconnaître l’indépendance de son ancienne province. Avec ses 7,5 millions d’habitants, la Serbie est le "poids lourd" démographique et économique des Balkans occidentaux, région ayant vocation à adhérer à terme à l’UE. L’adhésion du pays est longtemps restée suspendue à l’arrestation des derniers criminels de guerre recherchés par le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye. Surtout, un accord intervenu entre la Serbie et le Kosovo le 19 avril 2013, premier pas vers une normalisation souhaitée des relations entre les deux États, a été interprété comme un signe positif pour la Commission. Toutefois, les négociations avec la Serbie sont susceptibles de faire l’objet d’un véto de la Croatie voisine, qui réclame le jugement de plusieurs responsables présumés de massacres et de crimes de guerre commis lors des guerres d’ex-Yougoslavie.

Autre avancée notable, l’Albanie a été reconnue en juin 2014 comme candidate à l’adhésion après cinq années d’attente. Ce pays avait fait acte de candidature en avril 2009. La reconnaissance du statut de candidat va lui permettre d’accéder à des fonds européens de pré-adhésion et accélérer les réformes. C’est le début d’un processus qui s’annonce long, au cours duquel la législation albanaise va être passée au crible avant que puissent démarrer les négociations proprement dites, chapitre par chapitre. Le pays reste, selon Transparency International, le plus corrompu d’Europe et un des plus pauvres du continent.

Pas d’avancée concernant l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine - ARYM (candidate depuis 2004, reconnue en 2005), avec qui les négociations n’ont toujours pas démarré, malgré une résolution du Parlement européen en février 2010 demandant l’ouverture des négociations avec ce pays. Celles-ci se heurtent toujours au veto de la Grèce, en raison du différend qui oppose les deux États à propos de la dénomination officielle du pays. Ce veto avait déjà empêché la Macédoine d’adhérer à l’OTAN en avril 2009. La Grèce a été rejointe dans son refus par la Bulgarie, qui voit d’un mauvais œil une poussée de rhétorique nationaliste à Skopje et un regain de tension entre les deux pays. 450 000 Macédoniens sur 2 millions vivent à l'étranger, principalement en Bulgarie et en Grèce. En vertu d'une loi bulgare sur la nationalité, de nombreux Macédoniens disposent en outre d'un passeport bulgare qui fait d'eux de fait des citoyens européens. Ils seraient 50 000 et les demandes se poursuivent. L’opinion publique macédonienne semble également se lasser de cette situation de blocage, se sentant indésirable dans l’UE. En juin 2017 le pays est parvenu à former un nouveau gouvernement de coalition, après six mois de blocages sur fond de tensions entre Macédoniens et Albanais.

La Bosnie-Herzégovine a officiellement déposé sa candidature à l'Union européenne le 15 février 2016. Celle-ci s'inscrit dans la logique de la poursuite de l'intégration des Balkans occidentaux et de l'ex-Yougoslavie. La candidature a été acceptée par le conseil européen le 22 septembre 2016, et la Commission doit décider si elle reconnait le pays comme candidat, ce qui devrait prendre une année. Le gouvernement bosnien a six mois pour répondre à un long questionnaire (3 242 questions) destiné à évaluer la situation du pays. Elle vise à obtenir le statut de candidat fin 2017.

Le pays avait été reconnu dès 2003 comme « candidat potentiel ». Cette candidature ne pose pas de problème de principe, mais elle n'entraînera pas de démarrage immédiat des négociations. Celles-ci seront amenées à s'étaler vraisemblablement sur une dizaine d'années, tant le pays né des accords de Dayton en 1995 peine à se réformer en raison du blocage récurrent de ses institutions. La Bosnie, qui présente un retard de développement, constitue une poche de pauvreté et est une terre d'émigration depuis une quinzaine d'années. La Commission européenne a activé, en 2015, l'Accord de Stabilisation et d'Association (ASA) signé en 2008, qui constitue la première étape d'un rapprochement avec le pays, et qui a permis de lui débloquer des fonds.

La Bosnie-Herzégovine a une structure fédérale : la République serbe de Bosnie (Republika Srbska), la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (Federacija Bosne i Hercegovine) et le district de Brcko. Cette architecture administrative était destinée à assurer un partage du pouvoir fédéral et local entre ses trois grandes communautés religieuses – Bosniaques musulmans (45 % de la population), Serbes orthodoxes (36 %) et Croates catholiques (15 %) – qui s'étaient livrées entre 1992 et 1995 à de violents combats, une épuration ethnique et des exactions. Or elle s'est rapidement révélée lourde, facteur de blocages des institutions et de corruption, entrave à la modernisation et à la démocratisation du pays. L'unité nationale et le sentiment national restent fragiles : les Serbes de Bosnie ont à plusieurs reprises manifesté leur volonté de faire sécession et de rejoindre la Serbie voisine ; les Croates sont tentés de faire de même. Nombreux sont les citoyens bosniens qui disposent également d'un passeport serbe ou croate. Certains sont ainsi devenus citoyens de l'Union européenne depuis l'adhésion de la Croatie en 2013. En raison d'un chômage persistant et d'un faible niveau de vie, la Bosnie reste un foyer d'émigration vers l'UE.

Le Kosovo n'a pas encore déposé de candidature mais est considéré comme ayant vocation à adhérer à l'UE dès qu'il répondra aux critères et fonctionnera réellement comme un État. Son indépendance n'est toujours que partiellement reconnue. La dynamique de sa reconnaissance internationale s'essouffle : 114 États dans le monde (en 2017) reconnaissent officiellement ce petit État balkanique né en 2008, mais ni la Serbie ni la Russie, ce qui bloque toute perspective de normalisation internationale à court terme. Au sein de l'UE, 5 États sur 28 refusent toujours de le reconnaître (l'Espagne, la Grèce, Chypre, la Roumanie et la Slovaquie). Certes, le Kosovo a été admis en 2014 au Comité International Olympique (CIO) et en 2016 comme observateur au sein de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il n'est cependant pas parvenu à se faire reconnaître comme membre de l'UNESCO et du Conseil de l'Europe. Il reste sous perfusion financière internationale : la KFOR (mission de l'OTAN) y maintient près de 5 000 hommes, appuyés par la MINUK (mission de l'ONU) et une mission civile de l'UE (EULEX) soutenant la mise en place d'institutions démocratiques et de l'État de droit. Des tensions entre Kosovars et Serbes sont toujours palpables dans le nord du pays (Mitrovica) où les Serbes sont majoritaires et où l'idée d'une partition continue à avoir des adeptes. Plusieurs accords ont été signés avec la Serbie, sous l'égide de l'UE, dans différents domaines touchant à la vie quotidienne des habitants.

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