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Histoire Géographie, Géopolitique du Monde Contemporain
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4 décembre 2017

Va-t-on vers un retrait pur et simple de la candidature de la Turquie ?

La Turquie, candidate depuis 1987, a été reconnue en 1999 et a vu ses négociations d'adhésion démarrer seulement en 2005. L'annonce du rétablissement de la peine de mort marquerait selon J.-C. Junker, président de la Commission, la fin des négociations. La chancelière allemande a déclaré que la Turquie n'avait jamais été aussi loin d'une adhésion, suite aux propos tenus par son Président Recep Tayyip Erdogan, traitant plusieurs gouvernements européens de fascistes et de nazis. Le Parlement européen a préconisé en novembre 2016 le gel des négociations d'adhésion. Le ministre turc des affaires étrangères a par ailleurs été interdit d'atterrissage aux Pays-Bas en mars 2017.

 
Les arguments pour et contre l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne
Nature des arguments POUR CONTRE
Historique - La Turquie a été alliée de longue date des pays européens (France au XVIe s., Allemagne XXe s.) et a joué un rôle important dans l'histoire du continent, en particulier pendant la brillante période ottomane du XVe au XXe siècle. - La Turquie s'est contruite en partie en opposition aux puissances européennes. Certains États gardent une mémoire douloureuse de la domination ottomane, en particulier la Grèce.
Géographique - La Turquie possède des territoires dans les limites conventionnelles du continent européen. - Seule une petite partie du territoire turc est située en Europe (la région d'Istanbul, Thrace orientale).
Politique - La Turquie est alliée à l'Europe dans le cadre de l'OTAN et participe à de nombreuses missions aux côtés des Européens.
- L'adhésion aurait un effet vertueux sur le pays, renforçant les institutions et la démocratie ; elle diffuserait les valeurs européennes et renforcerait la société civile.
- L'opinion publique est lassée de l'élargissement indéfini de l'UE et est majoritairement hostile à une adhésion turque.
- La démocratie, la liberté de la presse et les droits des minorités ne sont pas respectés.
- Les négociations d'adhésion patinent en raison de blocages persistants.
- La Turquie occupe le nord de Chypre et ne reconnaît pas le gouvernement de Nicosie, membre de l'UE.
Économique - La Turquie a une économie dynamique avec des taux de croissance annuels élevés (> 5%) depuis plus de quinze ans, c'est une opportunité pour les entreprises européennes.
- La Turquie est en union douanière avec l'UE.
- Elle renforcerait le poids de l'UE sur la scène mondiale.
- Du fait de l'écart de développement et de salaires, de nombreux Turcs émigreraient vers les pays d'Europe de l'Ouest où ils sont déjà plus de 3 millions.
Financière - Pays émergent, la Turquie serait un grand contributeur au budget européen. - En raison de sa taille et de son retard de développement, la Turquie absorberait une très grande partie des fonds structurels européens au détriment des autres États et régions.
Culturelle - La Turquie est un État laïc inspiré de la République française
- Intégrer un État majoritairement musulman serait une preuve d'ouverture de l'UE, à l'encontre de la théorie du choc des civilisations
- D'importantes différences culturelles existent, surtout vues d'Europe de l'Ouest
- L'islam traverse une crise et ses franges connaissent un mouvement de radicalisation qui est source de tensions et d'inquiétudes.
Démographique

- La main d’œuvre turque compenserait le déclin démographique de l'Europe.

- La Turquie deviendrait l’État le plus peuplé de l'UE et aurait à ce titre le plus grand nombre de députés au Parlement européen, rompant l'équilibre actuel des « grands » États membres.
Stratégique - L'adhésion de la Turquie sécuriserait une partie de l'approvisionnement énergétique de l'UE grâce aux pipelines qui la traversent et l'UE se rapproche des gisements d'hydrocarbures du Golfe et de la Caspienne
- L'UE aurait un pied dans le Caucase et le Moyen-Orient et pourrait y jouer un plus grand rôle
- L'UE aurait des frontières avec l'Iran, l'Irak, le Kurdistan irakien autonome et la Syrie, foyers de conflit et zone d'émigration vers l'UE.
-La Turquie a ses intérêts propres, elle a renforcé ses liens avec la Russie et a fait preuve de complaisance à l'égard de certaines mouvances islamistes et djihadistes
Morale - Promesse a été faite à la Turquie dans les années 1960 de rejoindre le marché commun. - La Turquie ne reconnaît pas le génocide arménien.

 

 

 

Les relations de ce pays avec l'Union européenne n'ont cessé de se dégrader depuis plusieurs années. D'un côté, la Turquie est le candidat qui suscite le plus de réticences voire d'opposition au sein des opinions publiques et des responsables politiques européens. D'un autre, la non-application par la Turquie de conditions préalables demandées pour la poursuite des négociations d'adhésion (notamment au sujet de Chypre) et la dérive autoritaire du régime d’Erdogan expliquent que les négociations piétinent, en dépit de l'ouverture symbolique d'un nouveau chapitre de négociation en décembre 2015. Le fait est que si 16 chapitres ont déjà été ouverts, 8 demeurent gelés, et un seul a été temporairement clos. Il faut l'unanimité des États membres pour ouvrir, clore ou dégeler un chapitre, or plusieurs ont mis leur veto.

La Turquie, qui avait dans les années 2000 défini une politique étrangère dite « zéro problème avec les voisins » se retrouve aujourd'hui en froid voire en contentieux avec la plupart de ses voisins immédiats. L'accord signé avec l'UE au sujet des migrants n'a pas résolu le problème posé par la présence de ceux-ci dans les Balkans et les hot spots de la mer Egée. La Turquie menace de laisser passer les migrants souhaitant rejoindre l'UE, ce qui est considéré comme un chantage inacceptable par les responsables européens. La Turquie s'est en revanche rapprochée la Russie de Poutine, dont elle semble s'inspirer au plan politique. Une série de déclarations du président Erdogan sur les « frontières du cœur » de la Turquie, faisant référence au passé ottoman et au territoires qui en faisaient partie, ont soulevé une cascade de protestations de la part de la Grèce et de la Bulgarie, qui y voient une remise en cause de leurs frontières.

 

inégalités de revenus en Turquie carte Pascal Orcier

 

Conséquence ou cause du durcissement du régime, la situation intérieure s'est dégradée, tant sur le plan de l'économie (de 8,8 % en 2011, le taux de croissance est tombé à 3,9 % en 2016) qu'au niveau sécuritaire. Le pays accueille plus de deux millions de réfugiés syriens sur son sol, dans plusieurs camps situés près de la frontière, principalement dans la province de Hatay. Une tentative de putsch a été désamorcée in extremis le 14 juillet 2016, entraînant d'importantes purges au sein de l'armée et de l'administration (arrestations, licenciements de masse). Les condamnations prononcées au mépris des droits de l'homme ont valu à la Turquie des mises en garde du Parlement européen et du Conseil de l'Europe pour non-respect de la Convention des droits de l'homme. Du fait de nouvelles répressions de l'armée turque dans les régions kurdes du sud-est, les deux principaux mouvements kurdes, le PKK et le TAK, ont rompu la trêve au cours de l'été 2015 et repris les hostilités. Plusieurs attentats ont eu lieu, dont le 10 décembre 2016 à Istanbul (44 morts) et le 20 décembre à Kayseri, après plusieurs attentats en début d'année à Ankara, revendiqués par les rebelles kurdes. D'autres attentats ont frappé Istanbul le 1er janvier 2017 et Izmir le 5 janvier, revendiqués cette-fois-ci par les islamistes de Daesch.

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