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Histoire Géographie, Géopolitique du Monde Contemporain
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24 janvier 2018

TR n°7: Crise et chômage aux États-Unis et en Europe (Espace Prepa/Octobre 2017)

 Crise et chômage aux États-Unis et en Europe

L’économie américaine et les économies de la zone euro ont connu des trajectoires différentes au sortir de la crise économique mondiale de 2008. En 2009, le taux de chômage atteint 10 % des deux côtés de l’Atlantique. Ensuite, l’économie américaine connaît une baisse relativement régulière de son taux de chômage et finit par retrouver une situation de plein-emploi (5 % en 2015) ; les économies de la zone euro, elles, ont un taux de chômage qui monte jusqu’à plus de 12 % en 2013 avant une baisse qui le maintient cependant à plus de 10 %. Comment peut-on expliquer que le chômage de la zone euro soit plus « résistant » que celui qui a sévi aux États-Unis ?

Après la crise de 2008, pourquoi le chômage a baissé plus lentement dans la zone euro qu’aux USA ?

Tout d’abord, il faut tenir compte des différences de croissance économique. Le PIB américain a retrouvé son niveau d’avant crise en 2011 ; ce ne sera le cas qu’en 2016 pour le PIB de la zone euro. Autrement dit, la crise de 2008 a occasionné des pertes de production plus durables pour les Européens que pour les Américains. On sait depuis les travaux d’Arthur Okun (1962) qu’il existe une relation entre le taux de croissance du PIB et la variation du taux de chômage : il faut atteindre un certain niveau de croissance économique pour que les créations d’emplois soient suffisantes afin de réduire le taux de chômage.

Les effets secondaires des mesures d’austérité

Ensuite, contrairement aux États-Unis, la zone euro a connu une seconde crise économique : la crise des dettes souveraines qui, en 2011, repoussa les possibilités de reprise économique en Europe. Si les gouvernements des deux côtés de l’Atlantique ont opté pour des politiques de relance budgétaire pour diminuer les effets de la crise de 2008, les économies de la zone euro ont dû, dès 2010, ralentir leurs dépenses publiques pour se conformer aux recommandations de la commission de Bruxelles. Mais les États membres de la zone euro ont alors mené des politiques de consolidation budgétaire trop brutale alors que l’activité économique était encore très fragile et le niveau de chômage élevé. La crise des dettes souveraines se traduit alors par une nouvelle récession économique et le taux de chômage de la zone euro repart à la hausse en 2011. On sait aujourd’hui que les mesures d’austérité voulue par la troïka (UE, BCE et FMI) ont eu des effets d’autant plus contre-productifs que les pays concernés se trouvent dans une zone monétaire, soit des économies qui concentrent entre elles une grande partie de leurs échanges commerciaux. Lorsqu’une économie de la zone euro adopte des plans de rigueur, cela diminue ses importations donc, mécaniquement, la demande qu’elle adresse aux autres pays membres ; elle subit également les plans d’austérité des autres pays membres de l’union monétaire en voyant ses exportations baisser. Au bout du compte, les finances publiques des économies de la zone euro ont été dégradées par les politiques d’austérité et le chômage s’est vu renforcer…

Niveau du taux de chômage aux États-Unis et dans la zone euro entre 2006 et 2015 (%)

Sur le plan conjoncturel, il faut également avoir à l’esprit que la BCE n’a pas suffisamment anticipé l’ampleur de la crise économique de 2008 : contrairement à la FED, elle a trop attendu pour baisser résolument ses taux directeurs et ainsi relancer la demande de la zone euro. La politique monétaire agressive menée aux États-Unis a permis un assainissement économique beaucoup plus rapide que dans la zone euro (par le désendettement du secteur privé). L’activité économique peut alors repartir plus rapidement…

L’« effet d’hystérèse »

Dans la zone euro, le chômage conjoncturel a tendance à produire un « effet d’hystérèse » (Olivier Blanchard et Lawrence Summers, 1986). Cela signifie que les chocs négatifs de nature conjoncturelle ont des effets négatifs à long terme, et ce pour au moins deux raisons : lorsqu’un travailleur se trouve au chômage, il voit son « capital humain » se dégrader car il perd l’opportunité de maintenir et d’actualiser ses compétences, ce qui réduit fortement sa capacité à retrouver un emploi ; la segmentation du marché du travail entre les actifs occupés (insiders) et les chômeurs (outisders) est également source de prolongement du chômage : comme seuls les premiers participent aux négociations salariales, ils peuvent se servir de cet avantage pour augmenter leur salaire et maintenir les « outsiders » à l’extérieur.

Le marché du travail américain est moins sujet aux « effets d’hystérèse » car il est beaucoup plus flexible que le marché du travail de la zone euro. On saisit ainsi qu’au-delà des aspects conjoncturels, le chômage a du mal à baisser dans la zone euro en raison de facteurs structurels. La réallocation des facteurs de production – en particulier, le travail – se produit beaucoup moins « naturellement » dans la zone euro que de l’autre côté de l’Atlantique en raison notamment des différences de langue et de culture.

Écrit pour Espace Prépas par: 
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