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Histoire Géographie, Géopolitique du Monde Contemporain
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25 mai 2018

Les inégalités de développement

Comment ont évolué les inégalités sur la planète Terre ?

Un seul graphique nous permet de prendre la mesure de l’évolution des inégalités économiques dans le monde depuis le début des années 1980. Cette représentation – que l’on nomme « courbe de l’éléphant » à cause de sa forme caractéristique – a été pensée par Branko Milanovic pour la Banque mondiale. Pour bien la comprendre, il faut identifier les deux axes du repère. L’échelle horizontale correspond à la distribution des hommes dans le monde en fonction de leurs revenus, par tranche de déciles (par 10 %), puis par centiles (par 1 %), etc. À gauche, on trouve donc les Terriens les plus pauvres ; à droite les plus riches. L’échelle verticale représente la croissance du revenu entre 1980 et 2016.

Pour être certain que c’est parfaitement clair, prenons un exemple : ceux qui détiennent un revenu médian (à 50 % sur l’axe horizontal) ont vu leur revenu augmenter de 60 % sur la période. Vous avez pu repérer le point sur la courbe ? Oui ? Nous pouvons donc entrer dans une analyse à la fois passionnante et inquiétante.
Une précision : nous ne vous présentons pas ici la courbe de Branko Milanovic mais celles des économistes – dirigés par Facundo Alvarado, Lucas chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman – qui se sont réunis dans le Word Inequality Lab et qui viennent de publier le Rapport sur les inégalités 2018. Les données y sont plus récentes mais la logique est bien la même. Alors, quelle évolution des inégalités de revenu dans le monde entre 1980 et 2016 ?

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Les pays émergents

Tout d’abord, on peut observer sur le graphique que les 10 % les plus pauvres dans le monde (ce qui correspond à la pauvreté des pays en développement) ont vu leur revenu augmenter de 75 %. Cela correspond au recul de la pauvreté (et de l’extrême pauvreté) que l’on observe dans les pays émergents (à commencer par la Chine et l’Inde) depuis leur entrée dans la mondialisation. Pour autant, cela ne signifie pas que les inégalités internes à ces pays sont en recul. Pour le dire simplement, les pauvres y sont bien moins pauvres, mais l’écart avec les plus riches s’est considérablement accru. On le voit aussi sur la courbe car les élites des pays émergents, qui apparaissent au troisième décile (30 % sur l’axe horizontal), connaissent une augmentation plus rapide de leur revenu (hausse de 120 %) que les plus pauvres. Une conclusion s’impose : la mondialisation a bien permis un recul de la pauvreté (et surtout de l’extrême pauvreté) et l’apparition de classes moyennes dans les pays émergents, grâce à des niveaux de croissance économique élevés, mais les inégalités de revenu entre les plus pauvres et les plus riches s’y sont accrues. Le PIB/hab. des pays émergents est en très nette progression (et sur la voie du rattrapage de celui des pays développés) mais cet indicateur masque aussi l’augmentation des inégalités internes.

Les pays riches

Mais que se passe-t-il du côté des pays avancés ? Sur la même période, entre 1980 et 2016, la mondialisation s’est traduite par une polarisation de la société : les classes moyennes se sont rétrécies en raison d’une augmentation des inégalités par le bas et par le haut. Les plus pauvres des pays riches (situés autour du 7e décile – soit à 70 % sur l’axe horizontal) connaissent une faible augmentation de leur revenu (autour de 40 %, en 36 ans, soit seulement un peu plus de 1 % par an !). Ce sont les perdants de la mondialisation. Ils souffrent de la concurrence des pays à bas salaires mais également de la diffusion des nouvelles technologies, qui s’étend dorénavant au secteur des services. Au contraire, les plus riches des pays riches voient leur revenu exploser : les 0,01 % les plus riches (à 99,9 % sur l’axe horizontal) ont des revenus qui augmentent de 140 % ; plus fort encore : les 0,001 % les plus riches ont des revenus qui progressent de 230 %. Ce sont donc les grands gagnants de la mondialisation. Mais pas seulement. Ils ont aussi profité de politiques fiscales de plus en plus accommodantes. Les impôts sur les hauts revenus (qu’ils soient issus du travail ou du capital) sont aujourd’hui beaucoup plus faibles que durant les Trente Glorieuses.
La mondialisation est sans aucun doute source de croissance économique. Mais pour qu’elle soit plus juste, il conviendrait que ceux qui gagnent avec elle acceptent de « redistribuer » une partie de leurs revenus à ceux qui perdent. Or, ils se refusent à le faire… précisément en raison de la mondialisation. Notamment parce que des impôts trop élevés seraient à l’origine d’une perte de compétitivité. Résultat : les économistes du Word Inequality Lab ont calculé que le tout petit groupe des 1 % les plus riches dans le monde est parvenu à capter 27 % de la croissance des revenus entre 1980 et 2016. Pas certain que tout tourne rond sur la planète Terre…

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