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Histoire Géographie, Géopolitique du Monde Contemporain
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31 mai 2018

Question d’actualité: Le retrait des USA de La COP 21

L’événement
- La 21e conférence des parties de la Convention cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), signe-t-il l’échec de la gouvernance mondiale environnementale ou la perte d’un leadership américain ?
Les États-Unis du président Donald Trump dénoncent, le 01 juin 2017, l’engagement des États-Unis dans le traité de la COP 21, engagement pris par l’ancien président Barack Obama lors des accords des accords de Paris le 12 décembre 2015. Les États-Unis renoncent ainsi aux efforts décidés par les 194 autre pays signataires (sauf Nicaragua et Syrie). Le retrait du 2e plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (1er émetteur en valeur relative en CO2/ habitants) est-il capable de torpiller l’effort de la communauté internationale pour endiguer le réchauffement de la planète ou conduira-t-il à un isolement des États-Unis ?
Le contexte historique et géopolitique
La COP 21, marque-t-elle un pas vers la gouvernance environnementale mondiale ?
1. Prise de conscience des risques du réchauffement climatique
L’année 2016 est la plus chaude année enregistrée depuis le début des relevés de températures, en 1880. On observe également : une récurrence des catastrophes naturelles (les coûts annuels estimés par l’ONU sont de 27 milliards de $) ; une disparition de la banquise (2016, moins 4 millions de Km2 en moyenne entre 1980 et 2010) ; des sècheresses, une aridification et une réduction des ressources alimentaires ; une pollution croissante et une dégradation des conditions sanitaires des populations, avec une morbidité accrue, etc.
Les pays les plus pauvres sont les plus vulnérables : ils représentent 20% des pertes matérielles mais 47% des pertes de bien-être liés au réchauffement climatique; le cout réel des destructions y est plus lourd que dans les pays développés, faute de capacité de prévention des risques : les catastrophes naturelles jettent dans l’extrême pauvreté 26 millions de personnes par an.
2. Nature de l’accord
Il s’agit d’un engagement à réduire la croissance d’émission CO2 d’ici à 2030, engagement devant permettre de limiter le réchauffement climatique d’ici, 2030, à plus 2 degrés. Il s’agit également d’un engagement de fonds financiers (100 milliards de $) pour l’adaptation des pays les plus vulnérables au changement climatique et à les aider à réduire leurs émissions carbones. L’engagement initial des États vaut pour une durée de 4 ans minimale (article 28 du traité). Donc la sortie effective de l’accord ne se fera pas avant décembre 2019 pour les États-Unis.
Il s’agit également d’un Traité qui s’inscrit dans la série des accords sur la réduction des autres gaz à effets de serre (méthane et protoxyde d’azote) : protocole de Montréal (1987), sur la suppression définitive des chlorofluorocarbures (CFC), qui sont les principaux destructeurs de la couche d’Ozone, et le protocole de Kigali (15/10/2016) sur la fin progressive d’utilisation (-85% d’ici 2047) des hydrofluorocarbures (HFC, le gaz utilisé dans systèmes de réfrigérations) dont l’effet de serre est 14 000 fois plus puissant que pour le CO2
3. Rôle stratégique de l’engagement américain
a) Les États-Unis représentent 25% du budget de la CCNUCC (15 millions de $ versés chaque année) et 40% du financement, depuis 1988, du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qu’ils abritent.
b) L’entente américano-chinoise constituait la clef de voute de la COP 21 : visite de Barack Obama à Pékin (novembre 2014) où la Chine s’engage à réduire ses émissions de CO2 d’ici 2030, les États-Unis de -26% à -28% d’émissions de CO2 en 2025 par rapport à 2005 ; engagement de ratification de la COP 21 par la Chine les EU (Sommet du G20 de Hangzhou en Septembre 2016). Seule la ratification du traité par la Chine et les États-Unis (qui contribuent à eux deux à 40% des émissions de gaz à effet de serre) rend plausible l’application du traité de COP 21 (traité effectif seulement s’il est ratifié par plus de 55 États représentant plus 55% des émissions de gaz à effets de serre). En 2016, et pour la troisième année consécutive, les émissions de CO2 (dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre) dans le monde, sont restées stables ; et même les rejets de gaz à effet de serre sont en recul chez les deux premiers pollueurs, la Chine et les États-Unis. C'est aux États-Unis que le recul des émissions de carbone est le plus marqué.
c) Rôle des États-Unis dans la COP 21 : rôle central dans la réduction des émissions de CO2 avec un engagement à réduire de 26% les 5,4 gigatonnes d’émission de CO2/ an (soit 15% de l’émission mondiale de 36,3 gigatonnes de CO2 en 2015) ; financement à hauteur de 3 milliards – dont 1 milliard effectivement versé au 06.06.2017 – du fonds financier (prévu à terme à 100 milliards de $ d’ici 2025, avec une mise initiale souhaitée à hauteur de 10 milliards de $).
Analyse de la question d’actualité
1. Les raisons du retrait américain
a) La crainte que les accords soient néfastes aux intérêts américains : « Les nations qui nous demandent de rester dans l’Accord, sont les mêmes qui nous coûtent des milliards de dollars à cause de pratiques commerciales impitoyables… nous mettraient dans une situation de faiblesse permanente par rapport au reste du monde… il est temps de placer Pittsburgh en Pennsylvanie avant Paris en France… Ne pas être dupe de la Chine ou de l’Inde autorisées à continuer de polluer tout en recevant des milliards et des milliards de dollars » Donald Trump (01.06.2017).
b) Une tradition américaine de réticence face à la gouvernance environnementale : « Le mode de vie des américains n’est pas négociable » George Bush en 1992 ; non ratification des accords de Kyoto (1997), rôle des États-Unis dans échec de la COP 15 de Copenhague en 2009.
c) Un refus qui s’inscrit dans une volonté de retrait général des engagements extérieurs américains, relevant d’une conception isolationniste des relations internationales : dénonciation du Traité de libre échange transpacifique; renoncement au Traité de libre-échange transatlantique (mort-né) ; volonté de se désengager financièrement de l’OTAN (G7 de Taormine le 28.05.2017 et Sommet sur l’OTAN le 25.05.2017 à Bruxelles.
2. Les impacts potentiels du retrait américain
a) Les impacts environnementaux : politique laxiste en matière environnementale avec la fin des objectifs chiffrés des États-Unis pour restreindre les émission de CO2 et de gaz à effets de serre (alors que c’est la base des lois de transitions énergétiques en Europe) ; ce qui ajouterait 500 millions de tonnes de CO2 supplémentaires aux 5,4 milliards de tonnes d’émission annuelle américaines de gaz à effets de serre d’ici 2030. Ce qui pourrait ajouter +0,1° à +0,2° de réchauffement, ce qui rendrait l’objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2% encore plus difficile à atteindre.
b) Impact pour la gouvernance environnementale : manque à gagner pour le fonds financier pour l’adaptation des pays les plus vulnérables au changement climatique; trou financier pour La CCNUCC dont les États-Unis financent 25% du budget ; crise financière du GIEC (Groupe d’ Expert Intergouvernemental sur l’évolution du Climat), outil prospectif de la CCNUC.
c) Impacts géopolitiques :
- Risque effet d’entrainement, après 1997, la non ratification des accords de Kyoto par les États-Unis avait entrainé celles de la Chine, non signataire, et furent imités par le Canada, la Suisse, la Russie, la Nouvelle Zélande, le Japon, etc. Il existe donc un « effets dominos » pour les États les plus vulnérables (Ex. : Inde) s’ils n’obtiennent pas le soutien financier de la COP 21 en contre partie de leurs efforts de réduction de l’émission de CO2
- OU un risque d’isolement des États Unis par le renoncement au multilatéralisme, fondement d’une mobilisation internationale face à un risque global fondé sur le droit, facteur de défiance de leurs alliés et partenaires.
- OU un risque d’affaiblissement des États Unis : perte d’un leadership économique dans l’innovation de la transition vers les énergies renouvelables ? Vacance d’un leadership de la gouvernance environnementale mondiale qui pourrait être récupéré par un axe sino-européen (accord sino-européen du 02.06.2017) pour une part des énergies fossiles et oeuvrer à lever 100 milliards de dollars pour le fonds d’aide aux pays les plus vulnérables.
3. Un effet d’annonce sans changement réel immédiat ?
a) Impossibilité de sortie effective immédiate de l’accord avant décembre 2019, l’article 28 du traité se Paris spécifiant un engagement des États pour une durée minimale de 4 ans.
b) Renégocier l’accord plutôt que de se retirer : l’absence d’actions de retrait effectif des EU de l’accord depuis juin 2017 laisse penser que l’administration fédérale américaine pourrait chercher à infléchir l’accord plutôt que de s’en retirer.
c) Le choix fédéral n’est pas celui des États-Unis. Une opposition américaine à Donald Trump s’est exprimée à travers les autres acteurs américains de la gouvernance environnementale (entreprises, société civiles villes et États de la fédération, etc.) avec un maintien d’engagements des États et des municipalités (États de Californie, New York, Washington. Certains « confirment leur intention de maintenir un engagement, même sans soutien fédéral ». Par exemple, dans l’initiative « Under2 » qui coalise 170 collectivités représentant 1,8 milliards d’habitants dans 33 pays dont l’objectif serait de réduire de 80% à 95% les émissions de CO2 d’ici 2050 par rapport à 1990. Une mobilisation des Fondations et des fortunes américains (dont Bloomberg, ancien maire de New-York) proposent de compenser le retrait du financement états-unien de la CCNUCC, par le maintien de l’engagement des entreprises pour le développement durable : (Ex. : Nike affirme une volonté de n’utiliser que des énergies renouvelables pour alimenter, d’ici 2025, la totalité de ses usines, avec le soutien d’Exxon Mobile à une taxe carbone et à l’Accord de Paris de décembre 2015).
Le désengagement des États-Unis de la gouvernance mondiale, s’il est effectif et sans effets d‘entrainement sur d’autres États, conduira-t-il à l’isolement et à une perte de leadership des États-Unis ? De l’isolationnisme à l’isolement, Donald Trump accélère-t-il le processus d’un XXIe siècle qui sera de moins en moins américain ?

Liens avec les concours ESC
 Gouvernance mondiale et mondialisation
 Le développement durable et environnement
 La politique extérieure des États-Unis
 Le mode développement des États-Unis

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